Les acquisitions, le nouveau cheval de bataille de la mission French Tech

Les acquisitions, le nouveau cheval de bataille de la mission French Tech

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Étienne
Bonjour Matt, c'est Étienne, ravi de vous retrouver sur Goose Pod. Nous sommes le lundi 22 décembre, il est 15h00. Aujourd'hui, nous plongeons dans un sujet crucial pour notre souveraineté économique.
Léa
Et je suis Léa. Nous allons parler business, stratégie et patriotisme économique. Le sujet du jour : Les acquisitions, le nouveau cheval de bataille de la mission French Tech. Matt, préparez-vous, ça va secouer.
Léa
Soyons clairs dès le début, Matt. Les start-up françaises ont des devoirs pour les vacances. La Mission French Tech lance une grande consultation nationale. Le but ? Comprendre pourquoi nos pépites se font racheter par des étrangers ou échouent à racheter leurs concurrents.
Étienne
C'est une initiative absolument fascinante ! Figurez-vous que Julie Huguet, la directrice générale, souhaite tirer des leçons des vendeurs et des acquéreurs. Elle a elle-même vécu cette expérience en revendant sa société. C'est une démarche très empirique, presque historique dans son approche.
Léa
C'est surtout une urgence économique, Étienne. Regardez les chiffres de 2024 : c'est l'explosion. 374 transactions enregistrées dans la Tech française, un record ! Le secteur du logiciel, en particulier, a bondi de 54 %. Mais la vraie question est : qui achète qui ?
Étienne
Excellente question. Cela me rappelle l'histoire de Brevo, anciennement Sendinblue. Vous vous souvenez, Matt ? Ils ont levé 500 millions pour devenir le Salesforce européen. C'est l'exemple parfait d'une ambition française qui cherche à consolider le marché plutôt que de se faire absorber.
Léa
Exactement. Mais Brevo est l'arbre qui cache la forêt. La réalité, c'est que 78 % des transactions concernent des entreprises faisant entre 500 000 et 20 millions d'euros de chiffre d'affaires. Ce sont des proies faciles pour les géants internationaux si nous ne faisons pas attention.
Étienne
Pour comprendre cette fragilité, Matt, il faut remonter le temps. C'est passionnant. Dans les années 1960, l'État a opéré une bascule majeure : laisser le marché décider des investissements. Puis, en 2013, la création de la Mission French Tech a tout changé.
Léa
Le bilan est là : 25 000 start-up aujourd'hui. On sait faire naître des entreprises, c'est indéniable. La France est championne d'Europe pour attirer les investissements étrangers depuis 2019. Mais ma question est simple : savons-nous les faire grandir ?
Étienne
C'est là que le bât blesse. Historiquement, nous avons un excellent soutien à la naissance, via la Bpifrance ou le Crédit d'Impôt Recherche. Mais l'accès aux capitaux pour le développement tardif, le fameux late stage, est insuffisant. Nos entreprises manquent de souffle financier après quelques années.
Léa
Conséquence directe : la vente est souvent la seule issue. L'âge médian de rachat est de dix ans, ce qui correspond à la durée de vie d'un fonds d'investissement. Les fondateurs doivent rendre des comptes et de l'argent. Si la bourse européenne n'est pas attractive, ils vendent.
Étienne
Et c'est tout le paradoxe français. Nous créons de la valeur, de l'innovation, mais nous peinons à conserver nos champions. C'est un peu comme si nous formions les meilleurs architectes du monde pour qu'ils construisent exclusivement les palais de nos voisins.
Léa
Vous touchez le point sensible. C'est un problème de souveraineté. Quand une start-up financée par l'argent public français se fait racheter par un fonds américain, le contribuable français subventionne littéralement l'économie US. C'est aberrant.
Étienne
Je nuancerais votre propos, Léa. N'oublions pas le concept de recyclage des talents. Un fondateur qui vend sa boîte récupère du capital et de l'expérience, qu'il réinvestit souvent dans l'écosystème local. C'est un cycle vertueux, comme la fertilisation des sols en agriculture.
Léa
C'est une vision bien romantique. La réalité est brutale : sur les 100 plus grands éditeurs de logiciels mondiaux, 71 sont américains. Il n'y en a que deux français. Deux ! Nous sommes des nains géopolitiques dans la tech. Nous importons autant de start-up que nous en exportons.
Étienne
Certes, mais regardez la Chine ou Israël. Israël exporte massivement ses start-up et s'en porte très bien. La France cherche une troisième voie : créer des champions européens. Mais les grands groupes français sont encore trop frileux pour racheter des start-up audacieuses.
Léa
Cette frilosité nous coûte cher. L'impact est direct sur notre tissu économique. Quand un géant américain rachète une pépite française, les centres de décision partent outre-Atlantique. On devient une simple filiale d'exécution. Matt, c'est une perte d'influence majeure.
Étienne
Cependant, figurez-vous que la R&D reste souvent en France. Nos ingénieurs sont excellents et moins chers qu'en Californie. L'emploi est souvent préservé, voire développé. Ce n'est pas toujours une terre brûlée après un rachat.
Léa
Peut-être, mais la valeur ajoutée, les brevets, la propriété intellectuelle, tout ça file à l'étranger. C'est pour cela que l'initiative Je choisis la French Tech est vitale. Il faut que nos administrations et nos grands groupes achètent français par patriotisme économique.
Étienne
L'avenir réside peut-être dans cette consultation lancée par le gouvernement. Si nous parvenons à lever les verrous psychologiques et financiers, nous pourrions voir émerger une vraie stratégie de consolidation européenne. Imaginez un marché unifié sans barrières.
Léa
Il faudra plus que des consultations. Il nous faut un Nasdaq européen, des fonds de pension qui investissent dans la tech, et une volonté politique de fer. Sinon, nous resterons un incubateur pour la Silicon Valley. Matt, l'année 2025 sera décisive.
Étienne
Absolument. En résumé, la France sait créer, elle doit maintenant apprendre à conquérir et à conserver. Merci de nous avoir écoutés sur Goose Pod. C'était un plaisir, Matt.
Léa
Restez à l'affût, Matt. L'économie ne dort jamais. C'était Goose Pod, à très vite pour un nouveau décryptage.

La Mission French Tech lance une consultation pour comprendre les acquisitions de start-ups françaises. Malgré une forte création d'entreprises, la France peine à consolider ses champions face aux géants étrangers, entraînant une perte de souveraineté économique. L'objectif est de favoriser la croissance et la conservation de la valeur ajoutée en France.

Les acquisitions, le nouveau cheval de bataille de la mission French Tech

Read original at Les Echos

Les start-up vont avoir des devoirs pour les vacances. La mission French Tech, qui dépend de la Direction générale des entreprises (DGE) et donc de Bercy, lance, aux côtés de la ministre déléguée chargée de l'IA et du Numérique Anne Le Hénanff, une consultation nationale pour augmenter les rachats de start-up françaises en Europe.

Elle s'adresse aux entrepreneurs qui ont déjà revendu une entreprise, aux acquéreurs de start-up et aux structures accompagnatrices (boutiques M&A, banques privées, start-up studio…). « Nous voulons tirer des apprentissages côté vendeurs, voir pourquoi les grands comptes ont été échaudés sur des acquisitions, ceux pour qui, au contraire, tout s'est bien passé… », souligne Julie Huguet, directrice générale de la mission French Tech, qui a elle-même revendu sa start-up Coworkees à Freelance.

com en 2021.

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